« Vous êtes dans le monde, mais vous n’êtes pas du monde »
Jn, XV, 19
Les différents remèdes que nous développons ici doivent être l’objet d’une vraie et nécessaire éducation qui appartient de droit aux parents, premiers et inaliénables éducateurs de leurs enfants.
Les époux doivent en premier lieu pratiquer une vigilance constante pour que la plaie de la pornographie n’entre pas dans la vie de leurs enfants. Il revient aux deux parents, mais surtout au père, de protéger ses enfants de la pornographie. Cette vigilance commence par un contrôle prudent des medias disponibles à la maison. Encouragez la fréquentation de livres, de magazines et de films au contenu moral irréprochable, positif et réconfortant. Ne vous contentez jamais d’interdire ou de punir, mais donnez à vos enfants des critères et des raisons morales compréhensibles. Soyez toujours clairs et cohérents dans l’exposé de ces critères et montrez-en l’importance en vous appliquant à vous-mêmes ces recommandations. Insistez sur des contrôles stricts et clairs de l’utilisation d’internet pour chacun de vos enfants. L’utilisation d’internet à la maison doit toujours se faire dans des espaces familiaux (attention aux smartphones et tablettes !). Les enfants, même les plus âgés, ne doivent pas avoir accès à internet dans le lieu privé de leur chambre. L’activation du contrôle parental aussi bien sur l’ordinateur que sur la télévision doit être systématique dans l’utilisation familiale des médias.
Les parents doivent en outre « à tout prix combattre les périls de l’isolement, de l’imprudence et écarter les tentations de l’oisiveté, qui peuvent faciliter l’insertion de la pornographie dans le cercle familial.[1] »
Le plus important enfin, c’est que le mari et la femme donnent l’exemple de la chasteté le plus clair et le plus sûr à travers l’amour, le dévouement et l’oubli de soi dont ils font preuve dans leur relation de couple. Souvenez-vous toujours que c’est votre vie ensemble qui constitue le moyen parfait que le Seigneur vous donne pour amener vos enfants à une compréhension vraie et mature de l’intimité.
1) Etre réaliste
« Que les chrétiens ne soient pas surpris de découvrir qu’ils prennent par à une culture qui, sous de nombreux aspects, est contraire à l’Evangile et incompatible avec les vertus chrétiennes. Il en était de même à l’époque de saint Paul, et en un sens, pour toutes les générations de croyants. Cependant les chrétiens de toutes les générations sont appelés à vivre en conformité avec la vérité de Jésus-Christ et à se tenir en-dehors des aspects de la culture contraires à cette vérité. L’une des manières de combattre la pornographie est donc le témoignage de la vie des chrétiens.[2] »
Les chrétiens vivent aujourd’hui dans un monde, chose nouvelle, où l’accès à la pornographie est grandement facilité et quasi illimité. Souvenons-nous de notre obligation morale de ne pas nous placer sciemment ou délibérément dans une situation d’occasion de pécher. Le meilleur moyen de se défendre contre la pornographie est donc de ne jamais s’y engager, même si cela devait impliquer pour certains de sacrifier l’usage d’une technologie par ailleurs neutre.
2) L’œil est la porte du cœur
« Ne dites pas que vous avez des âmes pures si vous avez des yeux impurs, parce que l’œil impur annonce un cœur impur. » (Saint Augustin)
Nous sommes appelés à contempler l’image de Dieu dans les autres et à restaurer notre usage du sens de la vue en nous replaçant dans la perspective de la foi et dans la finalité de ce don de la vue. « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu » (Mt, V, 8). Au sens général, la pureté de cœur correspond à notre capacité d’aimer. Elle indique un cœur entièrement voué au Christ, sans être divisé par des passions ou des désirs qui lui sont contraires.
Notre-Seigneur nous avertit que « l’œil est la porte du cœur ». Il importe donc grandement de maintenir la vue sous le contrôle de la raison car ses convoitises incessantes et son dérèglement issu du péché originel, empêchent l’esprit de s’unir à Dieu. « Ce sens en effet, le plus noble de tous, est aussi le plus dangereux : plus étroitement uni à l’âme qu’aucun autre, il en est comme la porte, et mal surveillé, il la livre à ses ennemis, qui la pillent sans merci. C’est pourquoi Jérémie disait : « Mon œil a dépouillé mon âme ». Innombrables sont, surtout en matière de colère, de paresse, de jalousie, de gourmandise, de sensualité, de luxure, les péchés qui ont pour origine l’imprudence des regards.[3] »
3) La pudeur
« Les péchés qui jettent le plus d’âmes en Enfer sont les péchés d’impureté. Il viendra certaines modes qui offenseront beaucoup Notre-Seigneur. Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre ces modes » (La Sainte Vierge à Fatima).
a) La pudeur, condition de la chasteté
« La vertu de chasteté n’exige pas de nous que nous ne sentions pas l’aiguillon de la concupiscence, mais plutôt que nous le soumettions à la juste raison et à la loi de la grâce, en le faisant tendre de toutes nos forces à ce qu’il y a de plus noble dans la vie humaine et chrétienne. Pour acquérir parfaitement cette domination de l’âme sur les sens, il ne suffit pas de s’abstenir seulement des actes qui sont directement contraires à la chasteté, mais il est absolument nécessaire de renoncer volontairement et généreusement à tout ce qui, de près ou de loin, offense cette vertu ; l’âme régnera alors pleinement sur le corps et pourra, avec tranquillité et liberté, vivre de sa vie spirituelle. (…) La pudeur chrétienne, qui est si utile pour conserver la virginité, et que l’on peut justement appeler la prudence de la chasteté. La pudeur prévient le péril qui menace, empêche de s’exposer au danger, et conseille d’éviter les occasions auxquelles s’exposent ceux qui sont moins prudents. Elle n’aime pas les paroles déshonnêtes et vulgaires, et elle a horreur de l’immodestie, même très légère ; elle se garde avec soin d’une familiarité suspecte avec les personnes de l’autre sexe ; elle porte fermement à donner au corps le respect qui lui est dû comme membre du Christ et comme temple du Saint-Esprit. Celui qui connaît cette modestie chrétienne a en horreur tout péché d’impureté, et il s’écarte immédiatement chaque fois qu’il se sent attiré par ses séductions.[4] »
b) La pudeur ou modestie dans l’agir
« Celle-ci s’envisage à deux points de vue : d’une part, selon leur convenance à la personne qui en est le sujet ; d’autre part, selon leur convenance aux autres personnes, aux affaires ou aux lieux. C’est pourquoi saint Ambroise dit : « C’est s’appliquer à vivre en beauté que de respecter ce qui convient à chaque sexe et à chaque personne » »[5].
c) La pudeur ou modestie dans le vêtement
– le principe :
« Ce n’est pas dans les réalités extérieures que l’homme emploie, qu’il y a du vice, mais chez l’homme qui les emploie d’une façon mal réglée. Ce manque de mesure peut exister de deux façons : d’une première façon, par rapport aux coutumes des hommes avec qui l’on vit. C’est pourquoi S. Augustin a pu dire : « On doit éviter le scandale qui brave les coutumes humaines en ne respectant pas leur diversité. Il ne faut pas que la convention confirmée dans une cité ou chez un peuple par la coutume ou la loi soit violée par le caprice d’un concitoyen ou d’un étranger. Toute partie qui ne s’harmonise pas au tout est difforme. »
D’une autre façon, il peut y avoir un manque de mesure dans l’usage de telles choses à cause de l’attachement désordonné de celui qui s’en sert, ce qui arrive parfois quand l’homme les utilise de façon trop sensuelle, qu’il se conforme ou non aux usages de ses concitoyens. C’est pourquoi S. Augustine a dit : « Dans l’usage des choses il faut éviter la passion désordonnée : non seulement celle-ci abuse frauduleusement de la coutume de ceux avec qui l’on vit, mais encore bien souvent, dépassant les bornes, elle manifeste, par des éclats très scandaleux, la laideur qu’elle cachait sous le couvert des mœurs publiques. » [6]»
– le cas du vêtement féminin
« En ce qui concerne la parure féminine, il faut faire les mêmes observations que celles faites plus haut de façon générale à propos du vêtement extérieur ; en ajoutant cependant cette remarque particulière que la toilette féminine provoque les hommes à la sensualité, comme on le voit dans les Proverbes (7, 10) : « Voilà qu’une femme l’aborde, parée comme une courtisane, et préparée à tromper. »
Si une femme mariée se pare afin de plaire à son mari, elle peut donc le faire sans péché. Mais les femmes qui ne sont pas mariées, qui ne veulent pas se marier, et qui sont dans une situation de célibat ne peuvent sans péché vouloir plaire aux regards des hommes afin d’exciter leur convoitise, car ce serait les inviter à pécher. Si elles se parent dans cette intention de provoquer les autres à la convoitise, elles pèchent mortellement. Mais si elles le font par légèreté, ou même par vanité à cause d’un certain désir de briller, ce n’est pas toujours un péché mortel, mais parfois un péché véniel.
Et sur ce point, les mêmes principes s’appliquent aux hommes.[7] »
4) Les remèdes proprement surnaturels
Nous n’avons pas la place de développer ici ce point si important et évident pour celui qui veut être fidèle au Christ et devenir un saint. Nous renvoyons aux ouvrages de spiritualité, innombrables, qui traitent de l’importance et de la nécessité, dans le combat spirituel, des moyens que sont : la prière, la confession et la sainte communion, la lecture spirituelle, l’oraison et la direction spirituelle.
5) La joie
« En réfléchissant bien, nous remarquons que toutes les tentations contre la pureté, contre le vœu de chasteté, se produisent quand nous sommes tristes et de mauvaise humeur. Une sœur de mauvaise humeur devient un jouet dans la main du diable. Il peut en faire ce qu’il veut. Quand tu es triste et de mauvaise humeur, tu regardes autour de toi pour voir où tu peux calmer cette faim d’amour. Pour rester chaste, tu as besoin de la vertu de la joie. Jésus disait : « que ma joie soit en vous ».[8] »
Conclusion
« Une révolution mondiale dans l’évaluation des valeurs morales s’est vérifiée au cours de ces dernières années. Ce renversement implique des changements profonds dans notre manière actuelle de penser et d’agir. Les média ont joué et continuent à jouer un rôle important dans ce processus de transformation individuelle et sociale, dans la mesure où ils introduisent et se font le reflet de nouvelles attitudes et de nouveaux styles de vie.
L’exaltation de la violence et la pornographie sont des attitudes ancestrales de l’expérience humaine, là où elle exprime la dimension la plus sombre de la nature humaine blessée par le péché. Au cours de ce dernier quart de siècle, elles ont acquis une nouvelle ampleur et posent désormais de sérieux problèmes sociaux. Alors que la confusion au sujet des normes morales s’élargit, les communications ont rendu la pornographie et la violence accessibles à un vaste public, comprenant les enfants et les jeunes. Cette dégradation était confinée antérieurement aux régions riches. Par les communications, elle commence maintenant à corrompre les valeurs morales des pays en voie de développement.[9] »
[1] Jean XXIII, encyclique Sacerdotii nostra primordia, 31 juillet 1959, sur les moyens de communication qui isolent et entravent la vie familiale.
[2] Mgr Paul Loverde, Lettre pastorale « Rachetés à grand prix ».
[3] Dom Jean de Monléon, Traité sur l’oraison, Nouvelles Editions Latines, 1972.
[4] Pie XII, encyclique Sacra Virginitas, 25 mars 1954.
[5] II II, 168, 1.
[6] II II, 169, 1.
[7] II II, 169, 2.
[8] Leo Maasburg, Fioretti de Mère Teresa, Editions de l’Emmanuel, 2010, p. 205.
[9] Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, Pornographie et violence dans les média, une réponse pastorale, 7 mai 1989.