Dans un monde déboussolé qu’est le nôtre, où le plaisir est maître et avec lui le désordre, nous devons réagir avec optimisme et mettre en valeur la vertu de chasteté par l’exemple humble et audacieux de notre vie ainsi que par notre témoignage.
« Il faut entreprendre une croisade de virilité et de pureté qui contrecarre et anéantisse le travail destructeur de ceux qui tiennent l’homme pour une bête. Et cette croisade, c’est notre œuvre. »
Josemaria Escriva de Balaguer, Chemin
Quand on parle de la chasteté, il est important de se rappeler que les commandements donnés par Dieu par la voix de L’Église ne sont pas des interdictions ou froides impositions pour nous rendre la vie plus difficile.
Tous les commandements de Dieu sont une preuve de son amour pour nous et nous montre qu’il nous prend au sérieux. Il désire nous conduire au plus vite sur ce chemin du Ciel qu’est notre vie, pour nous éviter de nous perdre dans les sentiers difficiles que sont nos passions désordonnées depuis le péché originel.
Rappelons-nous aussi, que, si certaines choses nous sont interdites, c’est parce qu’elles sont mauvaises en soi mais aussi parce qu’elles sont mauvaises pour nous. De même que faire le bien, c’est se faire du bien, de la même manière, faire le mal c’est se faire du mal et le Bon Dieu veut nous en préserver.
Mais surtout, Dieu veut être aimé par ses créatures, par-dessus toutes choses, car là se trouve notre bonheur. C’est pourquoi, les commandements qui viennent encadrer notre vie chrétienne, nous apprennent à désirer Dieu plutôt qu’un vil plaisir passager, allant contre l’amour divin
Voilà pourquoi, la vertu de chasteté ne doit pas être regardée comme un traité d’interdictions mais comme une réalisation parfaite de ce pourquoi notre nature humaine est faite : le bonheur et donc, la possession de Dieu.
Elle est un chemin de sainteté qui est demandé à tout homme, quelque soit son état de vie.
La chasteté
1- Qu’elle est – elle ?
Elle est fille de la tempérance ; elle est donc une vertu morale qui modère ou exclut le désir des plaisirs charnels, grâce à notre raison, illuminée par la foi et donc renforcée par la grâce. Ces plaisirs sont ceux de l’acte générateur.
Comme toutes les vertus, elle peut être naturelle ou surnaturelle.
Elle sera surnaturelle, donc méritoire, si elle est imprégnée de charité : amour de Dieu et du prochain pour Dieu.
La chasteté sera donc l’expression de notre amour pour Dieu lorsqu’elle nous portera à nous abstenir de tout ce qui pourrait être déréglé par rapport à ce que Dieu veut, dans le domaine de la sexualité.
En résumé, être chaste c’est aimer Dieu et régler, grâce à cet amour, les désirs charnels désordonnée par le péché originel.
Cette vertu est essentielle pour nous empêcher de devenir l’esclave d’un amour égoïste qui s’oppose à un amour vrai, nécessaire pour pouvoir se donner.
2- Que faire de ces plaisirs charnels qui peuvent sembler désordonnés ?
Le plaisir n’est pas mauvais en soi, car voulu par Dieu et donc conforme à notre nature ; le plaisir n’est donc pas contraire à la chasteté.
Mais il ne peut être dissocié de sa finalité qu’est la procréation et la manifestation de notre amour.
En d’autres termes, on ne peut pas faire du moyen (le plaisir) une fin à atteindre pour lui-même.
Vouloir le plaisir indépendamment de la fin qui le légitime, le vouloir comme une fin à laquelle on s’arrête, c’est un désordre puisque c’est aller contre l’ordre très sage établit par Dieu pour notre bonheur.
Ce désordre en amène un autre : quand on agit seulement pour le plaisir, on est exposé à l’aimer avec excès, parce qu’on n’est plus guidé par la fin qui impose des limites à cette soif immodérée du plaisir qui existe en chacun d’entre nous.
La chasteté va donc s’attaquer à tout ce qui peut avoir d’excès, afin que nous puissions rester maître chez soi et développer en nous ce qui fait notre dignité : la liberté.
Plus nous sommes libres, plus nous nous possédons, plus nous pouvons nous donner. Or, ce donner tout entier, c’est aimer en vérité.
La chasteté est cette vertu qui nous apprend à aimer le plus chrétiennement possible. Elle nous apprend à nous donner comme Dieu se donne.
3- Quelle est la différence entre la chasteté parfaite et imparfaite ?
– la chasteté parfaite : c’est la ferme volonté de s’abstenir perpétuellement de toute délectation charnelle.
Elle est totale et perpétuelle en vue d’une fin plus haute. Cette chasteté parfaite s’identifie avec la vertu morale de virginité.
Elle se pratique :
– soit pour honorer Dieu (pour les prêtres et religieux, en raison de l’imitation du Christ et de la sainte Vierge ; en raison de leur mariage avec l’Eglise, leur cœur et leur corps sont tout à Dieu ; en raison de la vie future au Ciel où il n’y aura pas de génération) ;
– soit pour se donner au prochain de façon totale, par amour pour Dieu.
– la chasteté imparfaite :
Elle est différente en fonction de l’état de vie :
– avant le mariage : on s’abstient de tout ce qui est défendu, mais sans renoncer à l’espérance ou à la possibilité du mariage ;
– dans l’état du mariage, elle règle, suivant la loi morale, l’usage de ce qui est permis ;
– après le mariage (pour les veufs) : elle évite tout ce qui y est défendu.
Les fruits de l’impureté
Les péchés d’impureté, comme tous les autres péchés vont à l’encontre de l’amour de Dieu et ainsi, blessent notre âme ; mais à cela s’ajoute la blessure faite à notre corps véritable temple du Saint Esprit.
En effet, l’impureté (images, pensées, actes) laisse des traces, car elle touche à ce qu’il y a de plus beau et de plus profond en nous : le don de la vie par le don de soi.
« Comprenons que la sexualité n’est pas une fonction comme les autres, dont on pourrait user à bon grès et pour son bon plaisir égoïste. Elle est empreinte de sacré car elle est liée à la vie, à la vie humaine et donc à la vie éternelle. C’est pourquoi la question est grave. »
P. A. Quilici, O.P., Les fiançailles
Ces péchés portent en eux une certaine gravité morale car ils touchent aux finalités humaines : la procréation et l’amour par le don de sa personne. N’oublions pas que l’homme n’est pas seulement un corps ; il est corps et âme, et ce qui touche le corps a donc des conséquences sur l’âme.
L’impureté entraine la faiblesse dans les combats de tous les jours, le manque de courage dans le bien à faire, fausse notre regard sur les autres, détruit notre personnalité, abîme nos amitiés, nous enferme dans l’égoïsme.
Au point de vue spirituelle, elle entraine l’abandon de la prière, l’éloignement de la confession et donc de la communion.
Enfin, le plaisir étant en lui-même intarissable, ce péché nous portera toujours plus loin et très rapidement.
L’excellence de la chasteté
Cette vertu est excellente et on peut le voir par les fruits qu’elle apporte dans l’individu, dans la famille et dans la société.
Cette vertu a toujours été admirée par les païens qui la pratiquaient si peu ; elle était réservée, selon eux, pour les âmes exceptionnelles et héroïques.
Mais le christianisme vient montrer sa raison d’être (l’amour de Dieu, du prochain et de soi) et donner à tous, les moyens d’en vivre (principalement par la grâce reçue par les sacrements).
1- Dans l’individu
Elle fortifie la volonté, développe la liberté morale et donc un amour plus vrai ; elle nous apprend à gouverner nos puissances inférieures (les passions) grâce aux puissances supérieures (notre raison et notre volonté).
Elle nous permet donc de retrouver cette harmonie qui existait avant le péché originel.
Elle tourne l’âme vers Dieu et nous dégage petit à petit d’une certaine dépendance aux créatures.
De la pureté de notre âme dépendra notre relation avec Dieu, qui est la chose la plus essentielle sur cette terre, pour nous qui commençons notre ciel dès ici bas.
2- Dans la famille
La chasteté vient préparer la famille car pour être de bons époux, il faut s’être entrainé dans ce combat pour la pureté qui vient nous apprendre à nous donner en vérité.
En raison des fruits de l’impureté que nous avons énumérés plus haut, le manque de chasteté a des conséquences sur l’unité et l’harmonie familiale.
De plus, l’épanouissement de la famille dépend de la croissance en sainteté et en amour authentique de tous les membres, amour authentique que vient développer en nous la chasteté.
3-Dans la société
La prospérité et la force d’un peuple sont en rapport direct avec ces mœurs.
Une grande cause de la décadence de notre société est cette impureté ambiante qui a un pouvoir tyrannique sur l’homme. Elle entraine cette culture hédoniste et avec elle, un état esprit contraceptif et une culture de mort, comme nous le rappelait Saint Jean Paul II.
Faut-il baisser les bras ? Non, car « remercions Dieu toujours de nous avoir fait vivre à une grande époque où il n’est permis à personne d’être médiocre. »
Quelles sont les remèdes pour vivre de la chasteté, la protéger et l’étendre autour de nous ?
« Je dis souvent aux jeunes que les compétions de ski sur la piste de saut prouvent qu’un jeune est capable de garder sa pureté, s’il le veut et s’il l’enseigne à son corps. Car le corps parvient à être si obéissant qu’il peut faire des choses qui semblent impossibles. Selon les lois de la physique, un homme qui s’élance du haut de la piste de ski devrait tomber et se casser en morceaux, alors qu’il ne tombe pas du tout, mais atterrit sur la ligne d’arrivée… parce qu’il a appris à faire cela, parce qu’il l’a enseigné à son corps.
Il se passe la même chose avec la pureté. On peut apprendre à son corps à se dominer et à diriger nos regards, nos pensées de manière à être totalement libre. »
Wanda Poltawska, Journal d’une amitié, p. 598
Voici quelques remèdes pour nous aider à développer en nous la chasteté et ainsi la garder et la rayonner autour de nous. Cette liste est loin d’être exhaustive…
1- éduquer à la pureté dès l’enfance
2- vouloir être chaste
3- prendre conscience que notre corps est le temple du Saint Esprit : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? » (1Cor. 6,19)
4- méditer sur la passion du Christ : « Lorsque vous serez attaqués par quelques tentations d’impureté, appliquez-vous à songer à la Passion du Sauveur du monde, et dites en vous-même : mon Dieu est attaché à la croix, et je me laisserais aller à des plaisirs criminels ! » (St Bernard)
5- penser souvent à notre éternité future : Notre éternité dépend de notre vie ; or notre vie est faite d’années, nos années de mois, nos mois de jours, nos jours d’heures, nos heures de minutes. Notre éternité dépend donc de la minute présente. Que suis-je en train de faire lors de cette minute présente ?
6- regarder le Ciel : « Comment lutter contre le péché d’impureté, se demande les modernes ? Les maîtres de l’ancienne tradition répondent à l’unanimité : en regardant le Ciel ; car seule l’espérance du Ciel donne le courage de travailler pour le Ciel. » (Dom Gérard, Itinéraire n°252)
7- être maître chez soi : notre raison doit dominer et orienter nos passions.
Pour développer cette maîtrise de soi, sachons quelques fois dire « non » aux choses permises pour savoir dire « non » aux choses qui ne le sont pas. Car à force de faire tout ce qui est permis, on commence à faire ce qui ne l’ai pas.
8- ne pas se mettre en occasion péché
9- se donner une intention particulière dans nos combats contre la tentation qui sont très méritoires pour nous même ainsi que pour ceux pour qui on offre ce combat.
10- ne pas avoir peur de fuir fasse à la tentation : dans ce cas précis, la fuite est signe de courage.
11- la garde du cœur : sachons maitriser nos regards, nos pensées.
Attention à internet qui est l’un des moyens les plus utilisés aujourd’hui contre la pureté. Restons maître du jeu.
12- la garde du corps : la tenue vestimentaire est une expression de notre charité car notre pudeur permet l’accroissement de la pureté chez mon prochain.
13- l’arme parfaite pour garder la chasteté : la prière. Elle augmente en nous cette intimité avec Dieu et donc, nous éloigne de tout ce qui pourrait salir notre âme. De plus, par la prière, nous lui demandons les grâces nécessaires pour ce combat que nous menons.
14- les sacrements : la communion (quand nous sommes en état de grâce) et la confession : « Celui qui se relève après ses chutes avec une grande confiance en Dieu devient, entre les mains du souverain Maître, un instrument propre à opérer de grandes choses. » (St Jean de la Croix).
Conclusion
Écoutons saint Jean-Paul parler à la jeunesse de France :
« Jeunes gens, jeunes filles, ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres ! Que votre corps soit au service de votre moi profond ! Que vos gestes, vos regards, soient toujours le reflet de votre âme ! Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas d’avantage ! Maîtrise du corps ? Oui. Transfiguration du corps. »
Notre combat quotidien pour garder notre pureté est un moyen très concret pour grandir en sainteté.
N’oublions pas que nous sommes faits pour aimer Dieu et notre prochain. Or pour aimer, il faut pouvoir être libre. La chasteté vient nous y aider et va faire de nous des hommes capables d’aimer en vérité.
Ce combat est dur et difficile ? Oui, et c’est normal car il n’existe pas de vie réussie sans sacrifice ; il n’existe pas d’amour vrai sans sacrifice.
Alors, soyons fiers de vivre ce combat que nous pouvons mener et remporter avec la grâce de Dieu. Soyons des apôtres de la pureté et ainsi des semeurs de sainteté.
« Dieu ne vous a pas appelés à l’impureté, mais à la sainteté. »
1Th. 4, 7